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Problématique

Dans le contexte politique très tendu qui s'était affirmé immédiatement après 1945 avec les débuts rapides de la guerre froide, la péninsule balkanique s'était retrouvée divisée en trois camps. D'un côté, le bloc des pays sous tutelle soviétique, de l'autre le camp américain regroupant la Grèce et la Turquie pourtant rivales et le plus souvent ennemies, sous le parapluie protecteur de la 6e Flotte, et enfin la Fédération yougoslave cherchant à inventer une troisième voie entre les deux blocs, participant au premier rang à l'invention et l'affirmation d'un « tiers monde » des « pays non alignés », bien que Tito ne soit pas présent personnellement à la Conférence de Bandung (1955). La guerre civile grecque et la rupture entre Belgrade et Moscou sont ainsi à l'origine de clivages durables et profonds constitués en références historiques, entretenus à l'intérieur de chaque pays..

Dans les années 1970, l'idée européenne va servir de référence politique (un cadre démocratique et une coopération entre les Etats fondée sur le principe de la liberté de circulation des hommes, des marchandises, des informations et des biens culturels, et des capitaux, et sur la volonté de dépasser les conflits territoriaux entre les pays), mais aussi de cadre d'accompagnement protecteur concret pour assurer la transition infiniment plus tranquille que prévue qui suit la chute des dictatures en Europe du Sud, au Portugal d'abord, en Grèce et en Espagne ensuite. Le développement économique, avec la réduction des inégalités entre Europe occidentale et méridionale, et des disparités régionales à l'intérieur de chaque pays, sert de médiation aux objectifs politiques et sociaux.

La chute du mur de Berlin (1989) étend le processus amorcé quinze ans plus tôt au reste de la péninsule balkanique, avec des effets contradictoires selon les pays. D'un côté, une transition "démocratique" plus ou moins lente et difficile dans les anciennes "démocraties populaires", auxquelles se trouve imposé, pour se rapprocher de l'Union européenne et y trouver leur place, un ensemble de mesures notamment économiques, socialement coûteuses (que la Grèce n'avait pas eu à affronter après 1974), visant à les faire entrer, souvent à marche forcée, dans une économie de marché : ce qui explique le décalage chronologique, dans les procédures d'admission, entre les pays du groupe de Visegrad (Pologne, Hongrie, République tchèque et Slovaquie) et les autres Etats balkaniques (Roumanie et Bulgarie). Mais d'un autre côté, la désintégration de la Fédération yougoslave, qui apparaissait en 1989 la plus proche de l'Europe et la plus facile à intégrer dans l'Union, mais où les tensions nationalistes font éclater le consensus politique de cohabitation au sein d'un même Etat que le régime titiste avait su imposer et faire accepter, ramène la guerre au cœur du vieux continent.

1989 crée donc une situation radicalement nouvelle par rapport à 1974-1975 (chutes successives des dictatures portugaise, grecque et espagnole). Il y a à la fois élargissement potentiellement illimité de l'idéal européen, qui ne paraît plus connaître de frontière géographique ou historique (cf. le débat récurrent sur l'entrée de la Turquie dans l'Europe), et remise en cause de ses finalités pour les peuples : l'élévation des niveaux de vie, qui n'est plus justifiée par la compétition Est-Ouest, va se payer comptant (on le voit avec la « crise » grecque et les cures d'austérité successives imposées), la sauvegarde de la paix intérieure n'est plus aussi assurée (conflits ukrainiens, après bosniaques, croates et serbes). Ces rapprochements justifient l'accent mis sur 1989 comme moment tournant de l'histoire récente de la péninsule balkanique.

Thématiques possibles:

- Les aspects politiques, voire institutionnels, ont évidemment une place centrale.

- Les analyses devrait mettre également l'accent sur la circulation des idées et des personnes - et donc à la fois sur les réalités migratoires et sur le rôle des communautés émigrées en Europe occidentale (Allemagne, France, Italie qui devient au milieu des années 1980 un pays d'immigration, suivie en ce sens par la Grèce, avec l'arrivée massive de travailleurs albanais, puis d'Europe centrale et orientale- Polonais, Ukrainiens, Moldaves, etc .).

- Les mutations des discours et des idéologies nationales constituent une autre entrée, avec tous les usages politiques des identités (les débats sur l'utilisation onomastique du nom « Macédoine »), et du passé, archéologie comprise. La littérature, l'art ou le cinéma pourraient être aussi sollicités.

- Enfin, les transformations sociales provoquées par l'urbanisation et la modernisation, et, bien entendu l'impact de la globalisation qui vient relativiser, en l'intégrant dans un cadre plus vaste, l'image et le poids de l'Union européenne, devraient être prises en considération.

11th International Congress of South East European Studies Sofia, 31 th August – 4th September 2015 - All Rights Reserved © 2014
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